Appel à contribution "Esclavage et post-esclavage dans la péninsule Arabique. Au croisement de la littérature et des sciences sociales"
Colloque "Esclavage et post-esclavage dans la péninsule Arabique. Au croisement de la littérature et des sciences sociales"
Organisé par Xavier Luffin (OMAM/ULB) & Jihan Safar (OMAM/ULB)
Les pays du Golfe sont parmi les derniers pays au monde à avoir aboli l’esclavage légal : 1952 au Qatar, 1963 en Arabie saoudite et 1970 au sultanat d’Oman pour ne citer que quelques-uns. L’accent mis sur le pétrole comme principal facteur des transformations sociétales dans la péninsule Arabique a longtemps détourné notre attention d’un autre facteur de changement tout aussi fondamental : l’abolition de l’esclavage. La fin de l’esclavage a effectivement eu de profondes répercussions sur les reconfigurations des schémas économiques, matrimoniaux, sexuels et familiaux dans la région. Or, malgré la centralité de l’esclavage dans l’histoire sociale de la péninsule Arabique, son étude reste très peu investie par les sciences sociales. Si certains travaux pionniers ont abordé la traite orientale et l’esclavage dans l’océan Indien et la péninsule Arabique, les écrits consacrés à cette aire géographique demeurent insignifiants comparé à l’abondante littérature sur la traite transatlantique et l’esclavage aux Amériques. En dehors de la documentation britannique, les archives locales restent rares, peu explorées et difficilement accessibles. Les discours officiels modernistes et nationalistes ont aussi fait l’impasse sur un passé pré-pétrolier par ailleurs fortement associé à l’histoire de l’esclavage. Le roman national s’est construit sur une vision monolithique de la population dans laquelle tous les citoyens sont considérés égaux et libres quel que soit le genre, l’origine, la religion ou la couleur, gommant les différenciations socio-ethniques au sein de ces sociétés plurielles. Face au vide historiographique et anthropologique, la fiction contemporaine s’est emparée de l’épineuse question de l’esclavage. La production littéraire du Golfe présente à ce titre une piste novatrice pour l’écriture mémorielle de l’esclavage et du post-esclavage.
Ce colloque a pour ambition d’explorer les voies d’un dialogue entre littérature et sciences sociales, en confrontant la vision historiographique de l’esclavage dans la péninsule Arabique à la place de celui-ci dans l’imaginaire littéraire. Pour paraphraser Ivan Jablonka, le colloque vise à investir la littérature comme un point d’entrée historique, sociologique et anthropologique apte à rendre compte du réel. Réunissant des historien.ne.s, des chercheur.e.s en littérature, des anthropologues et des politistes, il cherche à mener une réflexion sur les représentations de l’esclavage et de son héritage dans les sociétés contemporaines de la péninsule Arabique. S’inscrivant dans une perspective comparatiste, ce colloque souhaite approfondir les débats autour de « l’esclavage oriental » et de ses résurgences contemporaines afin de proposer de nouvelles grilles de lecture au-delà de l’historiographie de l’esclavage aux Amériques ou aux Caraïbes.
Les propositions peuvent concerner l’esclavage dans la fiction ou dans les sciences sociales. Les propositions peuvent porter sur : la fiction arabe en lien avec la question de la traite dans la péninsule Arabique ; la présence arabe en Afrique orientale ; la réception des romans concernés ; les sources mobilisées par l’écrivain.e et le.la chercheur.e ; les mots de l’esclavage ; le travail de mémoire et la construction du roman national ; la traite de l’Afrique de l’Est au Baloutchistan ; la période abolitionniste ; le racisme anti-noir ; les discriminations raciales ; la présence africaine dans la péninsule Arabique ; genre, sexualité et concubinage ; les évitements matrimoniaux ; le rôle des nourrices ; le profil des esclavisé.e.set de leurs descendant.e.s; l’esclavage moderne; l’esclavage contemporain; les formes de patrimonialisation tangibles et non tangibles.
Le colloque aura lieu le 16 octobre 2023 à l’Université Libre de Bruxelles (Belgique). Les interventions se feront en français et/ou en anglais. Les actes du colloque feront l’objet d’une publication.
Modalité de participation
Un résumé de votre proposition (maximum 300 mots) est à envoyer par mail en pièce jointe pour le 10 juillet 2023 au plus tard aux deux adresses suivantes : jihan.safar@ulb.be & xavier.luffin@ulb.be
Conditions de participation
- Aucun frais d’inscription n’est requis
- Nous ne couvrons pas les frais d’hébergement et de transport
- Le déjeuner et les pauses café sont offerts
- Pour les étudiants non boursiers (master, doctorant), une participation aux frais peut être envisagée
Ce colloque est organisé conjointement par l’Observatoire des Mondes Arabes et Musulmans de la Maison des Sciences Humaines (OMAM-MSH, ULB) et la Faculté de Lettres, Traduction et Communication (ULB), en partenariat avec la Faculté de Philosophie et Sciences sociales (ULB) et le Centre de recherches en histoire du droit, des institutions et de la société (CRHiDI, Université Saint-Louis, Bruxelles).