Cours-conférence "Le rôle et la signification des "signatures" dans la sculpture romane"

Le 23/04/2024

par Pierre-Yves LE POGAM, Musée du Louvre

Le Centre de Recherches en Archéologie et Patrimoine (CReA-Patrimoine) et la Maison des Sciences humaines de l’ULB (MSH) ont le plaisir de vous convier au cours-conférences donné par Pierre-Yves LE POGAM.

Les inscriptions en général et les « signatures » en particulier jouent un rôle non négligeable dans la sculpture médiévale, en particulier à l’époque romane. Leur abondance dans les monuments sculptés des XIe et XIIe siècles, y compris par rapport à l’époque gothique (notamment au début de celle-ci), interpelle et remet en cause bien des idées reçues, à savoir celle de l’anonymat et de l’humilité des artistes du Moyen Âge, spécialement à la période romane.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, on rappelera les pièges méthodologiques qui entourent la question de l’épigraphie dans la sculpture romane (problèmes de conservation et de déchiffrement, problème de la transmission des inscriptions disparues, d’où l’importance des corpus ; questions relatives à la transcription et la traduction des noms propres) et les problèmes spécifiques des « signatures » (l’ambiguïté du mot « fecit », l’ambiguïté de l’artiste désigné par les inscriptions, la question du « portrait d’artiste », les marques lapidaires). On insistera ensuite sur les inégalités du champ géographique (prépondérance des exemples italiens, mais distribution de cas importants sur tout le territoire européen), de la répartition par technique (valorisation des œuvres en bronze par exemple, liée à leur rapport direct avec des modèles antiques), de l’extension chronologique (avec la question notamment de la rupture au début de l’époque gothique).

Il paraît important de donner ensuite quelques exemples du rôle des inscriptions dans la sculpture romane, en dehors de la question spécifique des « signatures ». Les inscriptions ne sont pas seulement de simples compléments ou, au mieux, des commentaires des représentations qui les portent. Les relations entre ces deux mondes sont bien plus complexes. Certaines inscriptions ne reflètent peut-être que des habitudes culturelles ; d’autres au contraire manifestent une ambition remarquable et constituent comme un discours parallèle, voire concurrentiel de celui de l’image (on ne reviendra guère sur l’exemple de Conques, bien connu, et d’autres cas seront évoqués).

On s’interrogera ensuite sur l’apport de ces « signatures » à l’analyse stylistique et à la chronologie des œuvres. C’est bien sûr le cas notamment des inscriptions qui comportent également une datation (mais, ici aussi, les pièges sont nombreux), comme cela a été relevé depuis longtemps. Surtout, on développera la question du statut des artistes. Les inscriptions nous apportent de nombreux renseignements sur la place des sculpteurs et des maîtres d’œuvre dans la société, le rôle important (ou non !) de ceux qui ont signé leur œuvre, leur insertion dans le monde laïque ou ecclésiastique. Tout au long de cette intervention, le cas de Saint-Lazare d’Autun nous servira de « fil rouge », pour suivre les difficultés de l’interprétation et la richesse des apports possibles des inscriptions pour la compréhension de la sculpture romane.

Détails et programme complet du cycle des cours-conférences

Mardi 23 avril 2024 de 18h à 20h

Auditoire Guillissen
Bâtiment U - Entrée A - Niveau 2 - Salle UA2.220
Avenue F. Roosevelt 50
1000 Bruxelles

Entrée libre, sans inscription

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