Je suis titulaire d'un master en archéologie à finalité pratique de l'archéologie (option Amérique précolombienne) à l’Université libre de Bruxelles et d'un master en Archéologie Sciences pour l'Archéologie, parcours Archéothanatologie, à l'Université de Bordeaux. Mon premier mémoire s'intéressait à la question des manipulations post-inhumation des restes osseux humains dans les contextes funéraires Moche (Pérou), et le second à une étude des apports de la morphométrie géométrique 3D comme méthode d'appréciation de la diversité des pratiques de modifications crâniennes artificielles sur le site de Pachacamac (Pérou).

Mon projet doctoral, intitulé "Variation de la forme du crâne dans le site UNESCO de Pachacamac (Pérou, 500-1600 ap. J.-C.). Identification de modifications artificielles crâniennes et de pathologies crâniennes dans les groupes humains préhispaniques par morphométrie géométrique 3D", constitue le prolongement des résultats préliminaires obtenus lors de mon second mémoire. Cette étude s'inscrit au sein du Projet Ychsma du CReA-Patrimoine, consacré à l'étude archéologique du site préhispanique de Pachacamac (Pérou). L'étude des modifications crâniennes artificielles sur le site s'inscrit dans une dynamique anthropologique plus large, destinée à mieux comprendre les populations qui y sont enterrées et les dynamiques de peuplement et de pèlerinage au cours des différentes phases d'occupation, en particulier les plus récentes (Intermédiaire Récent - Horizon Récent).

La modification crânienne artificielle (MCA) est une pratique destinée à modeler la voûte crânienne d'un enfant pour lui imposer une forme permanente. Le choix de cette forme a souvent été interprété comme un marqueur d'identité socio-culturelle. L'étude de la diversité de ces formes au sein des contextes funéraires du site de Pachacamac permettrait ainsi une meilleure compréhension de l'identité des défunts. Pour ce faire, l'usage de la morphométrie géométrique 3D permet une meilleure caractérisation des formes de MCA que les méthodes macroscopiques traditionnelles, en autorisant notamment la définition de formes de modifications trop subtiles pour être identifiées à l'œil nu. Un second enjeu de ce doctorat est d'utiliser la morphométrie géométrique pour définir des caractéristiques diagnostiques permettant de distinguer les modifications anthropiques délibérées de pathologies crâniennes. L'originalité de ce projet réside dans la réhabilitation d'une pratique culturelle andine importante comme outil de diagnostic pour la détermination et la différenciation de faciès culturels, contribuant à préciser notre compréhension diachronique des déplacements humains sur le site de Pachacamac.