Projet HyPer

### Précarité hydrique : l’hygiène personnelle hors de/sans/mal « chez soi »

Innoviris, Prospective Research for Brussels, 2018-2022

Quel accès à l’eau pour celles et ceux qui n’ont pas de chez eux, sont mal-logé.e.s ou vivent dans la précarité aujourd’hui à Bruxelles ? Quelles sont les réalités, les souffrances, les solidarités et les conflictualités qui se jouent derrière les concepts de précarité et de vulnérabilité hydrique ? Qui sont les personnes concernées, quels sont leurs besoins et comment font-elles pour pouvoir accéder à une douche, une lessive, une toilette ou à de l’eau potable en ville ? Dans quel paysage institutionnel et associatif bruxellois ces réalités s’inscrivent-elle, et dans quelle mesure serait-il bienvenu de le réinventer afin de garantir et faciliter l’accès à l’eau pour tous ?

Autant de questions auxquelles tente de répondre le projet HyPer, en allant à la rencontre des personnes qui font face à ces difficultés et en dialogue avec les acteurs de terrain. Alliant l’histoire, la sociologie, l’économie et la géographie, il a pour objectif de rendre visible et de mieux caractériser le problème de la précarité et de la vulnérabilité hydriques à Bruxelles, de mettre en lumière les pratiques que sont amenées à déployer les personnes qui n’ont pas accès à une eau en suffisance et de s’en inspirer afin de proposer des réponses pour résoudre ce problème.

Le projet HyPer se concentre plus particulièrement sur l’eau liée au corps, à l’hygiène et à l’intime, celle dont le manque aura trop rapidement été relégué sur les rives du passé, de l’impensé, de l’invisible et du honteux par « l’évidence de la salle de bain ». Et pourtant, à l’heure des politiques d’exclusion du chômage et du CPAS et de la crise du logement, de plus en plus de ménages sont contraints de se rationner pour payer leurs factures, le nombre de coupures d’eau a explosé et les personnes vivant dans la rue sont de plus en plus nombreuses, tandis que l’offre d’infrastructures publiques permettant, gratuitement ou pour une somme modique, d’aller aux toilettes, de se laver ou de laver ses vêtements en dehors d’un « chez soi » a drastiquement diminué au cours des dernières décennies. Ainsi, la précarité hydrique se combine à d’autres précarités et vulnérabilités (pauvreté et endettement, mal logement et précarité énergétique, sans-abrisme, migration) dont, souvent, elle découle. Enquêter sur les réalités de la précarité hydrique, c’est donc s’intéresser aux personnes et populations les plus démunies et fragiles, souvent invisibles, dont le nombre est en forte augmentation à Bruxelles, avec la double intention de rendre visible leurs conditions de vie et de contribuer à rendre Bruxelles plus solidaire.

Mots-clés : Précarité/Vulnérabilité hydrique, populations fragiles, accès à l’eau, pratiques urbaines, infrastructures sanitaires, politiques publiques, prix et tarification de l’eau

Contacts : Pauline Bacquaert, Valentina Marziali, Xavier May

PUBLICATIONS, PARTICIPATIONS À DES COLLOQUES & COLLABORATIONS

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De l’eau et des corps. De l’hygiène, du soin, du plaisir aussi. Et puis parfois le manque. De l’intime au politique, on nous raconte comment se laver en ville, d’hier à aujourd’hui.
À l’heure où les crises sociales rendent l'accès au logement toujours plus compliqué, à l’heure où de plus en plus de personnes se retrouvent à la rue, se laver hors / sans / mal chez soi à Bruxelles est devenu un combat. En croisant les époques, les lieux, les personnages et leurs parcours, "Corps sales // Ville sèche" retrace l’histoire de ce basculement, pour mieux se demander comment garantir l’accès à l’eau pour toutes et tous. L’occasion d’une réflexion sur les inégalités, la fabrique de la ville, la place des communs, le droit au logement, à la santé et à la dignité. Depuis les lieux méconnus où l’on peut encore se laver en ville, hors de chez soi, "Corps sales // Ville sèche" nous plonge au cœur de l’une de nos pratiques parmi les plus intimes : se laver. La parole est à celles et ceux qui les ont fréquentés, pour témoigner, d’hier à aujourd’hui, des enjeux et de l’importance de pouvoir prendre soin de soi.

PARTENAIRES BRUXELLOIS & PROJETS DE RECHERCHE APPARENTÉS

ÉQUIPES

Les promotrice et promoteurs académiques de ce projet sont Chloé Deligne, Jean-Michel Decroly et Pierre Lannoy.

PAULINE BACQUAERT

Pauline Bacquaert est historienne au LIEU. Elle s’est intéressée à l’histoire de la médecine, des croyances et des pratiques de santé populaires, qu’elle a pu explorer durant ses études à travers différents séminaires mais également en se formant à l’herboristerie. Son mémoire est à la croisée de ces chemins : elle y analyse la pensée médicale et politique d’un médecin montois du XVIIIe siècle, Nicolas Eloy, auteur d’un des premiers dictionnaires historiques de la médecine, mais aussi de différents manuscrits sur l’usage du thé, du café ou encore sur le rôle du médecin. Cette préoccupation pour la santé l’amène aujourd’hui à s’impliquer dans différentes initiatives et réflexions citoyennes liées à la réappropriation de nos corps. Elle a également pu dériver dans les méandres de l’histoire urbaine, à travers différentes collaborations avec des archéologues bruxellois ou des projets d’animation visant à explorer les dessous de la ville avec des adolescents.

VALENTINA MARZIALI

Valentina Marziali, sociologue, également titulaire d’une licence en Médiation linguistique et culturelle de l’Université de Milan, consacre ses recherches aux espaces urbains, publics et semi-publics, dans une perspective ethnographique et comparative, après avoir enquêté sur les différentes formes de résolution des conflits familiaux auprès des populations d’origine congolaise de Bruxelles. Attachée au centre METICES de l’Université Libre de Bruxelles, elle réalise une thèse de doctorat sur la construction sociale et sensorielle des circulations d’humains et de non-humains dans les gares grande vitesse de Bruxelles et Milan.

XAVIER MAY

Xavier May est économiste de formation et est chercheur depuis 2006 au GAG. Il a une très bonne connaissance des données statistiques existantes en Belgique et a une longue expérience dans l’exploitation et la manipulation des données quantitatives. Il a notamment étudié la précarité énergétique chez les ménages, la dynamique des quartiers en difficulté dans les régions urbaines belges et la mesure de la pauvreté rurale et urbaine en Belgique. Il a une grande maitrise du traitement de l’analyse de données quantitatives et économiques ainsi qu’une expérience poussée de la cartographie. Dans le cadre du projet HyPer, il dresse un état des lieux des difficultés rencontrées par les ménages dans leur logement et une spatialisation des infrastructures publiques existantes (douches, toilettes, fontaines, lavage du linge). Par ailleurs, il étudie la consommation, le prix et la tarification de l’eau à Bruxelles.