Appel à communication - Penser la dualité : la place d’artiste-chercheur·e en sciences sociales

Ces dernières années, la production scientifique en sciences humaines et sociales voit apparaître de nouvelles méthodologies de recherche mêlant pratiques artistiques et savoirs scientifiques. Au cœur de cette dynamique, la place d’artiste-chercheur·e ou chercheur·e-artiste soulève de nouvelles problématiques en termes de positionnement méthodologique et d’analyse des données.

Si cette double positionnalité vient décloisonner à la fois les pratiques de recherche et les pratiques artistiques, elle pousse à réfléchir aux changements engendrés par des engagements multiples. C’est dans cette perspective qu’un certain nombre de recherches en arts du spectacle, en anthropologie ou en ethnologie s’intéressent aux effets de ce double engagement. Ces travaux tendent à démontrer que la place d’artiste-chercheur·e peut avoir des effets différenciés, qui dans certains cas peuvent faciliter l’intégration sur le terrain de recherche et dans d’autres cas, engendrer des difficultés de distanciation entre les chercheur·e·s et leur objet d’étude (Mercier-Lefevre, 2017). Dans certains domaines comme en anthropologie de la danse ou en ethnomusicologie on remarque par ailleurs que certains chercheur·e·s s'approprient la pratique artistique qu’ils étudient et deviennent avec le temps eux-mêmes artistes. Ces formes d’engagements multiples expliquent la place de plus en plus importante donnée aux réflexions de positionnalité et de réflexivité en sciences humaines et sociales notamment lorsque les chercheur·e·s s’appuient sur des observations participantes ou qu’ils.elles étudient leur propre pratique artistique. C’est pourquoi ces réflexions sont aussi présentes dans d’autres domaines de recherche, notamment en sociologie et sciences politiques et posent la question plus générale de l’engagement du chercheur sur son terrain de recherche et son impact sur la production de savoirs. Le concept de bricolage (Guyot, 2008 ; Feildel 2016; Waechter-Larrondo, 2005) est à ce titre intéressant pour décrire les arrangements méthodologiques auxquels se confrontent des chercheur·e·s-artistes ainsi que les biais que peuvent générer une implication multiple.

Un autre champ de la recherche, principalement en arts du spectacte, tâche de comprendre comment la production artistique mobilise des savoirs scientofiques, historiques ou sociologiques (Gosselin, Le Coguiec (dir.), 2006; Del Valle, 2016). Ces travaux permettent d’appréhender comment l’art peut être un outil de production de savoirs mais aussi comment la création artistique mobilise des données scientifiques. Dans cette logique, le courant des recherches-créations donne un aperçu des formes que peuvent prendre la dialectique entre pensée et action (Falcón,2016; Gosselin, Le Coguiec, 2006) et permet de repenser les modes conventionnels de production de connaissances et de collecte de données. Elles favorisent par ailleurs la création de contenus hybrides et permettent d’inventer des écritures scientifiques alternatives. La réalisation de documentaire de terrain en est un exemple prégnant qui interroge les conditions de production comme de diffusion de connaissances. C’est autour de ces différents enjeux soulevés par la place d’artiste-chercheur.e et de la relation entre savoirs scientifiques et artistiques que seront structurées ces trois journées de colloque.

Les communications pourront s’inscrire dans les trois axes suivants : • Les impacts de la double positionnalité de chercheur·e-artiste sur la production de savoirs. Il s’agit ici de comprendre comment cet engagement multiple peut être intégré à la méthodologie de recherche et de quelles manières un savoir artistique peut être mobilisé dans une recherche scientifique. • Les interactions entre savoirs scientifiques et artistiques et la mobilisation de connaissances scientifiques dans la construction d’objets artistiques. • La création de contenus hybrides et d’écritures alternatives en science humaines et sociales.

Les propositions (250 mots) ainsi qu’une courte biographie-bibliographie doivent être envoyées dans un document PDF à penserladualite@gmail.com au plus tard le 15 juin 2022. Les participants seront informés de leur acceptation au plus tard le 30 juin 2022. Les contributions peuvent être soumises et présentées en anglais ou en français.

Du 10 au 12 octobre à l’Université Libre de Bruxelles, Belgique.

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