Séminaire "De l’intérieur et de l’extérieur : écrire l’ethnographie"

Le 05/03/2025

avec Marion Bottero, Membre associée EASt, chercheuse au Crebis & Miyako Hayakawa, Chercheuse postdoctorale, EASt, ULB

Ce séminaire explorera les défis liés à l’écriture ethnographique entre proximité et distance. Marion Bottero et Miyako Hayakawa partageront leurs expériences et réflexions sur la subjectivité, la distanciation et la légitimité dans le travail de terrain.

Résumé des présentations

  1. Prise dans la toile des rapports genrés. Devenir chercheuse « indigène » chez les migrants japonais en France Intervenante : Miyako Hayakawa

Si la notion d’anthropologie « chez soi » est de plus en plus légitimée, les défis auxquels sont confrontés les chercheurs « indigènes » restent souvent inexplorés. Pour adopter un regard critique sur leurs données, ils doivent « exotiser » ce qui leur est familier afin d’acquérir une nouvelle perception du monde (Campigotto et al. 2017 : 9). Cela exige un travail de distanciation et une remise en question de l’univers social auquel ils appartiennent.

Anthropologue japonaise, j’ai mené une enquête immersive auprès de migrants japonais en France, où j’ai immédiatement été prise dans un réseau d’homosociabilité et de ségrégation genrée. Au fil du temps, mes allers-retours entre les deux pays m’ont amenée à percevoir certaines pratiques japonaises comme « étranges », inversant ainsi les perspectives du « ici » et de « l’ailleurs ». Ce processus de prise de recul a été progressif, jamais linéaire, car la communauté migrante japonaise représentait pour moi une zone de confort dans un pays étranger. J’accorderai une attention particulière au désintérêt général des chercheurs japonais pour les études anthropologiques sur le Japon, qui a influencé mon positionnement et mes doutes quant à la légitimité de ma recherche.

  1. Écrire la subjectivité de l’ethnologue. Enjeux et écueils d’un terrain au Kalimantan, en Indonésie Intervenante : Marion Bottero

Cette présentation repose sur une enquête de trois mois dans la jungle du Kalimantan, en Indonésie, menée dans le cadre d’un projet pour une ONG de préservation de l’environnement. L’étude s’intéressait aux Dayaks, une ethnie connue pour la chasse et la consommation d’orangs-outans, espèces soignées et relâchées par l’ONG dans une réserve naturelle à proximité de leurs villages.

Dans un terrain contraint par une commande institutionnelle et un cadre de recherche prédéfini, comment dépasser l’impression d’un terrain « raté » ? Cette présentation interroge comment la subjectivité de l’ethnologue peut être mobilisée pour remodeler une enquête de terrain et en reprendre le contrôle.

Marion Bottero est docteure en anthropologie de l’Université Paris Nanterre. Ses recherches doctorales portaient sur les échanges économico-sexuels et affectifs entre Occidentaux et locaux en Malaisie et en Thaïlande. Elle est actuellement chargée de recherche au Crebis, un centre de recherche collaboratif à Bruxelles dédié aux inégalités sociales. Elle poursuit ses recherches en Asie du Sud-Est, notamment en Indonésie, où elle s’intéresse aux ONG de protection de la nature ainsi qu’aux interactions et représentations entre Occidentaux et populations locales.

Miyako Hayakawa est anthropologue et chercheuse postdoctorale pour le projet AspirE à l’ULB. Elle a obtenu son doctorat à l’EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales) en France. Ses recherches portent sur la migration japonaise, les dynamiques genrées dans la mobilité internationale et l’anthropologie de la famille et de la parenté.

Mercredi 5 mars 2025, de 12h à 14h

Salle de réception
Bâtiment De1 - Niveau 3 - Salle R.3.105
Avenue Antoine Depage 1
1000 Bruxelles

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L'événement sera bilingue (français/anglais). Miyako Hayakawa présentera en français, mais les questions pourront être posées en anglais si nécessaire.

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