Ateliers Genre(s) et Sexualité(s) « Performer le masculin, entre hégémonie, assignation et émancipation. Approche sociolinguistique et interactionnelle »
Le 08/10/2019
par Claudine Moïse, Université de Grenoble 3
Avec la Disco et la MSH.
Les études de genre, dans la mouvance des réflexions nord-américaines des années 1990-2000, ne se réduisent plus aujourd’hui à questionner le féminin mais à revoir la construction sexuée d’un point de vue de la diversité sociale et humaine et dans une dimension intersectionnelle. Elles ne se limitent plus ainsi à une répartition femme / homme mais interrogent aussi, par là même, le masculin, redéfinissent les gay and lesbian studies et se déclinent autour des queer qui font éclater les assignations identitaires attendues pour circonscrire des formes hybrides d’identités genrées, dysphories, transgenres, intersexes… Si les études de genre sont portées avant tout par l’histoire, la sociologie et la philosophie, les sciences du langage ont renouvelé leurs propres approches pour voir comment, à travers des interactions situées, le genre est performé. Je m’attacherai dans cette conférence à examiner la catégorie construite du masculin. Je verrai d’abord comment a été appréhendé le masculin en sciences du langage. Ensuite, à partir de différentes enquêtes ethnographiques et de pratiques langagières situées, je verrai comment sont perforées certaines paroles par des personnes qui (re)définissent leur genre ou leur orientation sexuelle soit à des fins genrées hégémoniques soit pour manifester des velléités de sortir d’assignations attendues.
Biographie
Professeure des universités à l’université Grenoble Alpes, laboratoire Lidilem, Claudine Moïse travaille en sociolinguistique critique, ethnographique et interactionnelle, sur des terrains canadiens et français. Elle est investie depuis les années 2000 dans un vaste projet sur la violence verbale, particulièrement la violence verbale institutionnelle et celle en lien avec la violence sexuelle. Actuellement, elle est responsable d’un volet d’un projet européen sur les discours de haine. Elle a écrit plusieurs livres sur ces questions. À partir de données ethnographiques, elle cherche à rendre compte des changements sociaux, des identités des sujets à partir des pratiques langagières, entre autres mondialisées, et des intérêts de pouvoir et des idéologies en jeu dans les discours en circulation et dans les interactions verbales. Ces travaux l’ont amenée à approfondir l’étude de la valorisation du sujet dans l’interaction et des inégalités sociales, notamment autour de la question du genre. Elle est responsable avec Martine Pons d’une équipe projet sur ces questions au sein de son laboratoire.
Mardi 8 octobre, de 17 à 19h
Salle Henri Janne, Institut de Sociologie (15e étage) Avenue Jeanne, 44 1050 Bruxelles