Ateliers Genre(s) et Sexualité(s) "La politisation des corps et des sexualités. Le festival du film queer en Tunisie"

Le 05/10/2023

par Monia Lachheb, Professeure invitée MSH, Université de la Manouba, Tunis

En collaboration avec le Germe

Le contexte politique et les soulèvements sociaux de janvier 2011 en Tunisie conduisent à l’émergence d’un militantisme LGBT+ qui use de différentes stratégies pour la défense des droits des minorités sexuelles. Le festival du film queer, organisé par l’association LGBT+ Mawjoudin, constitue un cas d’étude d’un engagement politique et artistique qui vise à la création d’un espace de parole queer. En effet, les personnes queer en Tunisie, celles qui ne respectent pas les normes du binarisme sexuel et de genre, sont toujours contraintes à rester dans le placard et à dissimuler leurs identités. Etant exclu-e-s de « l’espace public dominant » (Eleftheriadis, 2018), ils-elles optent pour s’approprier l’espace auquel ils-elles n’ont pas droit pour affirmer une existence dissidente et revendicative. Il est ainsi question de rendre compte de l’expérience militante de l’association Mawjoudin et de son festival du film queer, dans un contexte politique et socioculturel particulièrement hostile à la diversité sexuelle. Comment se croisent des dynamiques militantes et des créations artistiques ? Comment se construit cet espace de parole et de revendication politique ? L’étude repose sur une ethnographie des deux premières sessions du festival et sur un corpus d’entretiens semi-directifs avec les organisateurs et les organisatrices de l’événement. Selon une approche socio-anthropologique, l’intérêt est de mettre en évidence un répertoire d’action qui vise la mise en place d’un espace alternatif en réponse à l’exclusion des personnes queer et leur discrédit dans « l’espace public dominant ». En ce sens, le festival du film queer de Mawjoudin participe à la création d’un « contre-public subalterne » (Fraser, 2001) qui permet aux personnes queer, regroupées en communauté marginalisée, de s’organiser et de concevoir des pratiques dissidentes partagées.

Monia Lachheb est sociologue, maitresse de conférences (hdr) à l’université de la Manouba (Tunis). Elle est chercheure associée à l’institut de recherche sur le Maghreb contemporain (CNRS). Ses travaux s’inscrivent dans le champ de la socio-anthropologie du corps et des sexualités. A côté de plusieurs articles sur les enjeux sociopolitiques du corps et des sexualités, des ouvrages sont parus sous sa direction : (2012), Penser le corps au Maghreb, Karthala ; (2016), Etre homosexuel au Maghreb, Karthala ; Transgresser au Maghreb. La normalité et ses dépassements, Karthala (avec Philippe Chaudat) ; (2022), Terrains sensibles au Maghreb et au-delà. Acteurs, chercheurs et affects, Tunis, Nirvana/IRMC (avec Constance De Gourcy).

Jeudi 5 octobre 2023 de 17h à 19h

Salle Henri Janne
Bâtiment S - Niveau 15
Avenue Jeanne 44
1000 Bruxelles

Inscription obligatoire : ici

Contact : ags@ulb.be

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