Atelier Genre(s) et Sexualité(s) "La décolonisation, le sexe anal et les érotiques sales du pouvoir"

Le 27/05/2019

par Todd Shepard, Johns Hopkins University, Professeur invité MSH

On ne compte plus les discussions sur l’évocation par Foucault du « sodomite » dans son Histoire de la sexualité. Mais aucune de ces discussions n’a su contextualiser son choix, au milieu des années 1970, d’historiciser cet acte-là pour étayer son argument. Choix non pas exceptionnel, mais emblématique. À la même période, toute une série de militants, d’artistes et de théoriciens s’intéressèrent à la sodomie pour repenser le fonctionnement du pouvoir, de la domination, de la répression et de la résistance. Dans les discussions plus générales de cette décennie – Nonobstant l’insistance, souvent rappelée, avec laquelle Foucault expliquait que d’un point de vue historique la catégorie elle-même était « si confuse », pendants ces années-là - la sodomie signifiait presque toujours une relation sexuelle anale. Émergea un espace de significations à la fois profondément ambigu et extrêmement productif, où il semblait possible d’analyser, conjointement et à des fins politiques, les spectres post-décolonisation (et proprement postcoloniaux) de la violence, de la honte et du sexe.

Todd Shepard est directeur de recherches en histoire contemporaine et co-directeur du programme pour les études sur les femmes, le genre et les sexualités (WGS) à l’université Johns Hopkins (Baltimore). Son travail porte sur la France et son empire colonial au XXe siècle. Son premier livre, The Invention of Decolonization. The Algerian War and the Remaking of France (Cornell U.P., 2006), a été traduit en français sous le titre : 1962. Comment l’indépendance algérienne a transformé la France (Payot, 2008 ; en poche 2013). Son deuxième, Mâle décolonisation. L’« homme arabe » et la France, entre l’indépendance algérienne et la révolution iranienne, a été publié chez Payot en 2017. Il a co-édité deux recueils d’articles, La guerre d’Algérie. Le sexe outragé (avec Catherine Brun, aux CNRS éditions, 2016) et French Mediterraneans : Transnational and Imperial Histories (avec Patricia M.E. Lorcin, University of Nebraska Press, 2016). Il est aussi l’auteur Voices of Decolonization: A Brief History with Documents (New York: Bedford/St. Martin’s, 2014).

Lundi 27 mai 2019 de 17h à 19h

Salle Henri Janne
Bâtiment S – Niveau 15
Institut de Sociologie
Avenue Jeanne 44
1050 Bruxelles

Entrée libre

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